Einladung zum Vegetarisch-sozialen Kongress auf dem Monte Verità von Ascona 1916

Congrès végétarien social

Monte Verità, 1er mars 1916.

On nous écrit:

Nous vous invitons à bien vouloir prendre part au premier congrès „végétarien-social“ en Suisse.

En présence des horreurs de la guerre actuelle nous faisons appel à votre conscience pour vous intéresser à une réforme de la vie humaine qui rendrait impossible le retour à pareille barbarie.

Si vous pouvez vous mettre au-dessus des préjugés, vous soustraire aux suggestions collectives, et considérer impartialement quelle est la cause première de la guerre actuelle, vous devrez reconnaître que c’est le matérialisme dans sa forme capitaliste arrivé à son apogée. Toutes les autres causes ne sont que des prétextes trompeures, des fantômes agités devant les masses par ceux qui ont intérêt `a la guerrre. La guerre actuelle n’est pas un mal en soi, elle n’est que la suite logique de la voie erronée qu’a suivie l’évolution sociale et ses horreurs ne sont que les manifestations des instincts que le système capitaliste a cultivés dans Ie coeur des hommes; elle n’est que la crise, I’abcès des bases pourries de la société, qui crève.

Le congrès cherchera à mettre en lumière la valeur d’une réforme radicale de la vie: le végétarisme, auquel depuis Pythagore et Platon les plus grands esprits et les plus grands sages se sont intéressés. Il fera voir que le végétarisme n’est pas seulement, comme on croit assez généralement, une question d’estomac. Le végétarisme est toute une philosophie qui entend mettre sur les bases morales, hygiéniques, économiques et esthétiques la manière de s’alimenter, de se vêtir, d’habiter. Il normalise les rapports sexuels, cause de tant de maladies et de chagrins; règle les relations entre les êtres humains pour subvenir à leurs besoins moraux, intellectuels et matériels en substituant la concurrence capitaliste par une coopération équitable et rationnelle.

Le but du congrès est double. 1° réunir ceux qui s’intéressent sincèrement à cette réforme, mais ne peuvent, isolés qu’ils sont dans la société capitaliste, vivre selon leurs convictions, afin de former des centres de coopération végétariens – colonies se suffisant à elles-mèmes – 2° organiser la propagande des idées végétariennes-sociales.

Le congrès permettra à tous les intéressés d’exposer par des conférences et des discussions leur opinion sur les avantages moraux, économiques et hygiéniques dérivant du genre de vie végétarien-coopératif, et sur l’art nouveau qui en surgira.

Nous avons cru bien faire en choisissant la Suisse pour l’organisation de ce congrès parce que la Suisse est le centre neutre de I’Europe, parce qu’avec les trois nationalités qu’elle reunit en un tout homogène, elle représente le symbole de l’union des peuples de la terre et donne le démenti le plus flagrant à ceux qui prétendent impossible l’accord entre peuples de différentes races. Aussi espérons-nous rencontrer au congrès les représentants de toutes les nations.

Les conférences pourront se faire en français, en allemand, en anglais ou en italien. Les conférenciers sont priés de communiquer le sujet de leur conférence au comité organisateur avant le 8 avril 1916. Ceux qui seraient empêchés d’assister en personne au congrès peuvent envoyer leurs communications par écrit au comité qui en fera donner lecture à  l’une des réunions.

La cotisation pour l’adhésion au congrès est fixé à 5 fr. Moyennant paiement de cette cotisation il sera délivré une carle donnant le droit de participer à tous les travaux du congrès, ainsi qu’aux excursions et fêtes organisées par le comité.

Le congrès se tiendra au Monte Verità, près d’Ascona, sur le Lac Majeur (partie Suisse) du 18 au 22 avril 1916. Le comité organisateur se charge de procurer aux congressistes qui s’inscriront avant le 8 avril 1916, un logement convenable avec pension au prix de 5 fr. par jour.

Paul Birukoff,

Président de la Soc. Végétar. de Moscou.

Ida Hofmann,

Dr. O. Borngräber,

Henri Oedenkoven.



L’Essor, 11. Jahrg., 1. April 1916, Nr. 14, S. 3. Online: Congrès végétarien social.

Paul Birukoff Tolstoi und Birkukoff